On a classé les 8 films de Sofia Coppola

8- The Bling Ring (2013) Sofia Coppola explore les affres féminines et adolescentes, mais aussi le rapport du fan à la star, de l’artiste à la célébrité, de l’individu au luxe. Ici une bande d’adolescent·es fasciné·es par les célébrités de...

On a classé les 8 films de Sofia Coppola

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8- The Bling Ring (2013)

Sofia Coppola explore les affres féminines et adolescentes, mais aussi le rapport du fan à la star, de l’artiste à la célébrité, de l’individu au luxe. Ici une bande d’adolescent·es fasciné·es par les célébrités de l’époque (Paris Hilton, par exemple) s’introduit dans leurs demeures pour les voler. Car la bande veut elle aussi les sacs à main et talons hauts de ses stars préférées. C’est l’ultime objet du désir métonymique. Le sac à main est un bout de Paris Hilton, ou plutôt un bout de l’image que projette Paris Hilton et son environnement dans la presse, à la TV et sur Internet. Un monde irréel, fantasmé, mais que veut ardemment investir la petite bande d’adolescent·es. Pour donner un sens à l’existence, certainement. Sous ses airs légers, The Bling Ring – qui s’inspire de faits réels – déroule une réflexion sur l’emprise du luxe et de la société de consommation sur nos désirs et nos vies.

7- On the Rocks (2020)

Sorti en 2020 sur Apple TV, On The Rocks est une version alternative, un cousin de Lost In Translation, si ce n’est que les rapports entre les personnages sont ici clairement établis : une femme mariée, mère de deux enfants, ne parvient pas à écrire son livre, se fait bouffer par le quotidien et commence à soupçonner son mari de tromperie. Son père (Bill Murray), un art dealer volage, est convaincu de la tromperie et entraine sa fille dans un délire d’espionnage qui les conduira jusqu’au Mexique.

Étonnamment bavard pour un Sofia Coppola, On The Rocks dit les choses et scrute le mariage comme une relation père-fille basée sur la complicité, les confidences, la facétie. Ou peut-être complètement vrillée puisque le film s’ouvre sur un père disant à sa petite-fille : “Souviens-toi, ne donne jamais ton coeur à un garçon. Tu es à moi jusque’à ce que tu sois mariée. Et encore après.” Le complexe d’Oedipe est au coeur du film, jusque dans sa scène finale où le mari finalement fidèle offre une montre Cartier à sa femme, qui ôte dès lors celle que lui avait offerte son père. Qu’est-ce qu’un mariage ? Comment être monogame ? Que faire de l’amour pour un père volage et égoïste ? Autant de questions ici frontalement abordées dans un Coppola qui ne ressemble pas à un Coppola et rappelle pourtant furieusement le duo tendre et joueur de Lost In Translation

6- Priscilla (2024)

Comme souvent chez Sofia Coppola, il est ici question d’une cage dorée et de son oiseau tourmenté, et blessé. Priscilla rencontre Elvis Presley alors qu’elle n’a que 14 ans. Elle n’est qu’une adolescente, il est déjà une star de la musique et du cinéma. Un fantasme se met en place, celui de la fan pour la star, mais aussi celui de l’adolescente pour un sujet masculin. Priscilla est le sujet fantasmant un objet de désir, Elvis Presley. Et pourtant, c’est Elvis qui tire les ficelles, et très étroitement.

Coppola explique l’enfermement d’une femme par un homme, l’emprise psychique et physique. Priscilla est contenue dans des vêtements qu’elle ne choisit pas, un relooking qu’elle ne choisit pas, un Graceland en forme de maison de poupée, un débordement de matérialisme consumériste qu’elle embrasse au départ avec la naïveté d’une enfant avant de s’apercevoir du vide de la coquille. Ses désirs sexuels sont eux aussi contraints, Elvis se refusant à elle. Priscilla fantôme navigant dans sa vie sans jamais l’habiter. Priscilla, le film, racontant l’histoire d’une vie bouffée par l’existence d’un tiers, Elvis. Cela donne un film fantôme qui explique une vie sans jamais l’attraper, peut-être pour nous dire que Priscilla elle-même n’y était pas, ou bien à demie, poupée manipulée par son mari. Contrairement aux sœurs Lisbon, ou aux pensionnaires des Proies, Priscilla ne se tue pas, ne tue pas Elvis, et s’échappe, de son plein gré, comme si l’adolescente coppolienne était enfin parvenue à l’âge adulte. Elle plaque Elvis, Graceland et s’envole au volant de sa voiture sur I Will Always Love You de Dolly Parton. On aurait préféré Fuck You de Lily Allen.

5- Les Proies (2017)

En pleine guerre de Sécession, un soldat nordiste (Colin Farrell) blessé débarque dans un pensionnat où la maîtresse de maison (Nicole Kidman, géniale) et ses locataires, cinq femmes, lui offrent le gîte et le couvert. Contrairement aux Proies de Don Siegel avec Clint Eastwood, Coppola épouse ici le point de vue des femmes, émues et tourmentées par l’arrivée d’un corps masculin dans leur gynécée, soit une grande demeure sudiste isolée. Contrairement à Virgin Suicides, Les Proies ne se finit par sur un suicide de ses cinq héroïnes, mais sur un retournement de la violence contre le corps étranger, celui de Colin Farrell. Que faire de ses désirs contrariés ? Que faire de la violence du regard masculin qui empêche le corps féminin ? Qu’est-ce que la violence féminine ? Le film embrasse toutes ces questions, sans jamais y répondre, laissant, comme toujours chez Sofia Coppola, un mystère planer, dans un clair-obscur de bougies. 

4- Marie-Antoinette (2006)

Ah Marie-Antoinette, le film le plus détesté de Sofia Coppola, résumé à un catalogue de mode servi par une b.o. léchée. Il s’agit pourtant d’une relecture atypique et audacieuse de l’histoire de Marie-Antoinette, un biopic twisté par ses anachronismes qui en font toute la modernité. Marie-Antoinette est Marie-Antoinette mais pourrait aussi être Lux Lisbon (les deux personnages sont d’ailleurs incarnés par la même actrice, Kirsten Dunst), comme Charlotte de Lost in Translation

Marie-Antoinette est ici une adolescente en proie au Lost in Translation, parachutée de la cour d’Autriche à Versailles, enfermée dans une cage dorée dont elle cherche à s’extraire par le luxe et la luxure, sans y parvenir. Peu importe le contexte historique, le sujet du film est celui d’une femme enfermée, et de toutes les femmes enfermées. Par la célébrité, le regard masculin, le matérialisme, la société… Voilà certainement les thèmes de prédilection de Sofia Coppola. La b.o s’invite en personnage, entrechoquant les lustres versaillais à Gang of Four, Siouxsie and the Banshees pour mieux faire de son personnage principal une jeune femme à l’étroit dans son environnement, au bord de l’explosion.

3- Somewhere (2010)

Le cinéma de Sofia Coppola est souvent accusé de ne expliquer que des histoires de filles riches en proie à l’ennui. Ce n’est pas faux, mais il faudrait ajouter : et torturées par le luxe qui les enferme. Ainsi, dans Somewhere, un père acteur défoncé et désoeuvré retrouve sa fille pré-adolescente (Elle Fanning), dont il s’occupe à mi-temps suite à un divorce. C’est une histoire de gens riches tuant le temps au Château Marmont, mais c’est surtout l’histoire d’un père et de sa fille tentant de (re)connecter, comme une histoire de crise existentielle. Face au vide du matérialisme, que reste-t-il ? Qui est-on et où va-t-on ? Qu’est-ce que cette mélancolie sans nom qui étreint le cœur ? Le film pourrait se résumer à sa scène d’ouverture, où une voiture luxueuse conduite par le père (Stephen Dorff) fait des tours sur une piste perdue dans le désert. Rien n’est dit et tout l’est dans un même mouvement. Coppola filme le vide pour mieux le dire. 

2- Lost In Translation (2003)

Deuxième film de Sofia Coppola, Lost in Translation explique la rencontre entre Charlotte (Scarlett Johansson) et Bob (Bill Murray) à Tokyo. La 1ère a suivi son mari photographe, le second est un acteur vieillissant qui est là pour tourner une pub pour une marque de whisky. Vingt ans les séparent a minima, deux mariages également. Et l’on ne saura jamais vraiment si ce qui les lie est d’ordre amical, amoureux, parental, ou bien une échappée de leurs vies ennuyeuses. Une relation comme pour reprendre en main l’écriture de leurs propres histoires, avec Tokyo transformé en terrain de jeu de deux adultes retombés en enfance. Il n’y aura comme contact physique que la tête de Scarlett Johansson se posant sur l’épaule de Bill Murray, que la main de Bill Murray touchant le pied de Scarlett Johansson dans un lit, et un baiser final.

Là aussi, la b.o n’est pas là pour appuyer des arcs narratifs, ni faire joli, mais embrasse le rôle de personnage à part entière, avec notamment cinq morceaux originaux de Kevin Shields de My Bloody Valentine. Le film sera accusé de racisme dans sa dépiction des Japonais. On peut aussi y voir, tout simplement, le Lost in translation énoncé dans son titre, soit la perte de repères de deux Américains face à un pays, une culture et une langue étrangères. Face aux sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre, et qu’ils ne parviennent ni à vivre, ni à nommer véritablement.

1- The Virgin Suicides (1999)

Le 1er long de Sofia Coppola, Virgin Suicides, découle directement de son 1er court métrage, Lick the Star, treize minutes en noir et blanc au cours desquelles la cinéaste suit une bande d’adolescentes montant un plan diabolique pour affaiblir les garçons. Mais une rumeur vient détrôner la leader Chloé, qui fait une tentative de suicide. Ses thèmes de prédilection sont déjà là : l’adolescence détachée du monde des adultes, la violence, le suicide, la b.o rock (Free Kitten, The Go-Go’s…) et, surtout, le caractère insaisissable de cet âge d’entre-deux.

Dans Virgin Suicides, Sofia Coppola passe à la couleur, mais version double filtre pop et seventies, pour suivre là aussi une bande de filles, les soeurs Lisbon, objet de fascination des garçons qui tenteront de les sauver de leur carcan familial conservateur et religieux. La rêverie adolescente violentée par le monde des adultes mais aussi l’ennui, le questionnement, le doute quant à son propre être au monde, le rapport filles-garçons ici soutenu par le fantasme des uns sur les autres. Car Virgin Suicides – adaptation d’un roman de Jeffrey Eugenides – adopte principalement le point de vue des garçons regardant les filles, et explique ainsi l’enfermement du male gaze. Le film emprunte à l’esthétique des clips en transformant les scènes en tableaux, sur une b.o. signée Air, où l’on retrouve Heart et Todd Rundgren.