Pourquoi "Pour quoi je suis fait?" n'est pas la bonne question à se poser - BLOG

VIE PROFESSIONNELLE - Allez sur google.fr, tapez dans la barre de recherche “pour quoi j” et regardez la 1ère réponse suggérée.« Pour quoi je suis fait » est une question courante, largement posée sur internet et dans la vie réelle. D’aucuns...

Pourquoi "Pour quoi je suis fait?" n'est pas la bonne question à se poser - BLOG

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

L’idée qu’on serait

VIE PROFESSIONNELLE - Allez sur google.fr, tapez dans la barre de recherche “pour quoi j” et regardez la 1ère réponse suggérée.

« Pour quoi je suis fait » est une question courante, largement posée sur internet et dans la vie réelle. D’aucuns vont chercher des réponses dans des bilans de compétence ou de personnalité, d’autres dans des tests sur internet, chacun sa méthode. Le but derrière ? Faire le point, avancer, savoir où on en est, et où il faudrait aller pour se sentir à sa place. Et c’est là que le bât blesse. Car à force d’être répétée, voire admise, on ne se rend même plus compte qu’il y a plusieurs présupposés dans cette question. Présupposés aussi invisibles que délétères.  Par exemple, que le fait de se sentir à sa place dépendrait uniquement de la place, et non aussi de soi.

D’autre part l’idée qu’on serait « fait pour quelque chose » est extrêmement stressant pour de nombreuses personnes. Stressant parce qu’elles se disent « je dois être fait pour quelque chose, et il FAUT que je le trouve absolument !! ». Pourquoi une telle énergie ? Parce que la croyance derrière est que « une fois que je l’aurai trouvé, alors je serai définitivement heureux ». Comme si nous avions tout le temps et toujours les mêmes goûts et envies.

Notre identité évolue dans le temps

Pour chacun d’entre nous il y a des moments de la vie où nous allons être extrêmement heureux avec une activité, et puis 10 ans après nous allons être extrêmement heureux d’en faire une autre.

C’est pour cela que la question « pour quoi je suis fait ? » n’est pas la bonne entrée dans le sujet : elle nous enferme dans cet à priori que ce qui nous va n’évolue pas avec le temps. Or nous sommes fondamentalement des êtres en évolution. De nombreuses personnes vont commencer un travail, le trouver intéressant, s’y épanouir, s’en réjouir, et à un moment vont s’y ennuyer et cela ne va plus leur convenir. Souvent, à ce moment-là, ces personnes vont se dire qu’elles se sont trompées. 

Alors que non, elles ne se sont pas trompées : faire ce travail durant un certain temps était sur le chemin et maintenant elles ont besoin d’évoluer, d’apprendre quelque chose de nouveau, et d’aller dans un autre espace. Cela peut aussi être dû au fait qu’elles avaient besoin de se rassurer sur leur compétence, sur un aspect de leur vie professionnelle, et maintenant elles ont suffisamment acquis de sécurité à l’intérieur d’elles-mêmes pour accéder à un autre de leurs potentiels et le développer. Si on est jardinier et qu’on a un jardin, on ne plante pas des tulipes toute l’année. Parfois on a envie de changer de fleur, et ça ne veut pas dire qu’on s’est trompé ! Pour le travail, c’est la même mécanique. Et de même que le jardinier n’est pas le jardin, aucun de nous n’est son travail. 

De la vocation à la compétence

Si évidemment il y a des personnes qui ont une vocation à 8 ans de devenir pédiatre, artiste ou président de la république, elles restent une exception. Dans leur immense majorité les gens sont faits pour faire des tas de choses, et ce fait est trop souvent oublié. Toute compétence acquise a nécessité des heures d’apprentissage, de pratique, pour arriver jusqu’à une fluidité, voire une maitrise à l’exercer. Si l’allocation de ce temps a pu être imposé enfant par un parcours scolaire puis académique, il n’empêche que les heures ont été effectivement passées et que les compétences ont été acquises. Et une fois adulte nous pouvons décider à quoi nous allouons notre temps : une formation, un atelier, une activité associative, un projet en interne, tout est bon pour avoir l’occasion d’apprendre et de pratiquer… Maria Montessori dont les apports sur l’éducation sont si nombreux disait notamment pour les apprentissages qu’ « il faut cultiver la terre là où elle est fertile. » Mis en action, cela signifie d’essayer plusieurs chemins et de voir lequel donne du plaisir, développe la compétence et fait ressentir de la joie. Si on était fait pour quelque chose alors il n’y aurait qu’un seul chemin possible et ce serait extrêmement limitant. Une kirielle de voies sont à explorer afin de trouver et d’agencer ensemble celles qui sont fertiles pour vous. Suivant les situations ce chemin peut aussi bien amener à confirmer son métier actuel, qu’à le faire évoluer ou à en changer complètement. Il n’y a pas de règle, et c’est tant mieux. Si « la terre est fertile » pour vous, alors cette direction est un lieu d’expression de votre identité professionnelle.

Pour chacun ce plaisir, cette joie va prendre des formes différentes : montant de la rémunération, statut du titre, mesure de l’impact sociétal, entreprise d’appartenance, sympathie des collègues, temps pour aller travailler, qualité de la cantine, suivi du n+1, confort logistique, … la liste est infinie et est profondément personnelle. Ce qui importe ici est de savoir ce qui vous plait à vous. Juste vous. Pas de savoir ce qui est conforme aux attentes parentales ou du cercle de personnes auquel vous voulez appartenir, ou encore aux attentes d’un idéal du moi que vous vous êtes construit.

Tout cela rappelle un fait fondamental : il y a plein de possibles et le monde n’a pas besoin d’être parfait pour y être heureux.

L’identité professionnelle n’est pas un masque 

La recette de « prenez donc ce masque là et ça marchera mieux » ne fonctionne que très rarement. Et même si elle marche ponctuellement, elle est délétère dans le temps. Ce qui fonctionne pour soi et pour la réussite aussi, c’est d’assumer d’être soi-même. Dans un entretien d’embauche être authentique et assumer qui l’on est peut générer une réaction comme « ah ben voilà, c’est exactement la personne qu’on attend, et c’est super, et ça va bien se passer ». Mais si j’obtiens cette réaction parce que j’ai mis un masque et qu’après, une fois embauché, je me révèle être quelqu’un d’autre, évidemment cela va dysfonctionner. Cela va aussi dysfonctionner si je continue à porter ce masque qui n’est pas moi et dans lequel je peux me perdre, oublier mes besoins, mes aspirations, et fondamentalement qui je suis. 

L’idée est au contraire de manifester qui vous êtes, le dire, être tranquille avec cela, et c’est d’ailleurs comme ceci que vous serez heureux à cet endroit. Parce que vous aurez autour de vous des gens qui vous correspondent, et parce que vous vous serez respecté vous-même. Vous n’aurez pas eu à vous tordre pour rentrer dans cette « boite » et la cohérence sera là dès le début, rassurante à la fois pour vous-même et pour ceux avec qui vous travaillez.

L’identité est l’expression de qui je suis 

Pas besoin de faire un métier dit créatif pour être créatif. Pas besoin de faire un métier dit de gestion pour être gestionnaire. Chacun peut habiter son travail d’une façon qui lui est propre et unique. Votre travail est ce que vous faites, votre identité est qui vous êtes. 

Le même travail peut être fait de manières totalement différentes, opposées même, et pourtant être dans les deux cas très professionnel. Ainsi tel juriste sera très professionnel car tout sera bordé, extrêmement rigoureux, au fait de tous les derniers textes de loi, et un autre juriste sera très professionnel car très créatif dans la formulation des clauses d’un contrat afin d’encadrer des situations non standard. Deux personnes qui font le même métier, ont la même « étiquette », et pourtant elles sont très différentes. Leur identité professionnelle n’est pas la même. 

L’identité professionnelle est avant tout l’expression de qui vous êtes. Et cette expression a lieu dans le champ professionnel. Dis encore autrement, qui vous êtes ce sont vos qualités et compétences. Libre et charge à vous de développer celles qui vous nourrissent. Et si le travail n’est pas un lieu d’expression de ces qualités importantes pour vous, alors il est intéressant de se poser la question de ce qu’apporte ce travail, de voir comment il peut être habité différemment, ou éventuellement quel autre travail faire. Dans tous les cas, garder cette boussole intérieure de cultiver la terre qui est fertile en vous à ce moment là dans votre vie. 

strongIsabelle Constant, Chine Lanzmann et Stéphane Roger - a href=Pour quoi je suis fait? - Ed. Vuibert" data-caption="Isabelle Constant, Chine Lanzmann et Stéphane Roger - Pour quoi je suis fait? - Ed. Vuibert" data-rich-caption="Isabelle Constant, Chine Lanzmann et Stéphane Roger - Pour quoi je suis fait? - Ed. Vuibert" data-credit="Ed. Vuibert" data-credit-link-back="" />

À voir également sur Le HuffPost: Malgré la crise sanitaire, ce jardinier a vécu sa plus belle année professionnelle en 2020