Sopico : “J’ai voulu créer une connexion intime entre ma guitare et moi”

Après une série d’EP prometteurs, un rôle dans la série Netflix The Eddy et une signature sur le label de Yodelice, Sopico continue de surprendre avec Nuages : un 1er album dépourvu de beats, pensé à la guitare, où le Parisien plonge dans l’intime,...

Sopico : “J’ai voulu créer une connexion intime entre ma guitare et moi”

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Après une série d’EP prometteurs, un rôle dans la série Netflix The Eddy et une signature sur le label de Yodelice, Sopico continue de surprendre avec Nuages : un 1er album dépourvu de beats, pensé à la guitare, où le Parisien plonge dans l’intime, se met à nu et privilégie constamment l’expression émotionnelle à la démonstration technique. Rencontre.

Avec Nuages, ton 1er véritable album, as-tu l’impression de démarrer une seconde carrière ?

Disons que c’est la vitrine de ce à quoi j’aspire musicalement. Il y a ma voix, ma guitare, mes confessions et très peu de place pour le reste. D’ailleurs, il y a très peu de beats sur ce disque. Tout simplement parce que j’ai voulu créer une connexion entre ma guitare et moi, quelque chose de très intime, avant de provoquer d’autres rencontres musicales. Ces derniers temps, par exemple, je bosse pas mal les drums : j’ai envie d’amener progressivement les gens vers autre chose.

Tu me disais avoir enregistré une centaine de morceaux ces deux dernières années. As-tu eu parfois l’impression de te perdre en route ?

C’est difficile de prendre du recul quand on fait de la musique. Ce qui est sûr, c’est que ça a été très plaisant de créer sans savoir si j’allais garder tel ou tel morceau. Pour moi, c’était comme une série d’exercices, des morceaux qui ont été nécessaires au processus de création, même s’ils n’ont pas été retenus au tracklisting. Il faut que j’interprète un texte ou une mélodie, que je teste. Après, l’instinct me dit quoi faire.

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Slide est presque une exception au sein de Nuages. Tu aimerais être capable de davantage de violence par instants ?

J’ai beaucoup de morceaux très agressifs, c’est juste qu’ils ne correspondaient pas à ce que j’avais envie de faire sur ce disque. On va dire que Slide est une mise en bouche de ce qui pourrait arriver par la suite.

Sur quelle impulsion as-tu mis en chantier un tel morceau ?

À la base, c’est une production très synthétique, très agressive, sur laquelle j’ai posé mon texte. Quand je suis arrivé en studio, tout le monde a kiffé. On me disait toutefois de jouer de la guitare sur cette mélodie. Dès lors, j’ai rejoué le riff et ça donnait tout son sens, toute sa dimension à ce morceau.

En écoutant l’album, j’ai l’impression que tout le temps passé en studio est finalement problématique pour entretenir des liens avec tes proches…

C’était énormément le cas il y a quelques années, je voulais à tout prix faire mes preuves, monter des clips, trouver des séances de studio, etc. Nuages, c’est un peu l’état des lieux intimiste de ce que j’ai ressenti à une période, des soucis que j’ai pu créer chez certaines personnes. À commencer par ma mère, dont on entend la voix sur l’interlude Appel manqué. C’est typiquement le genre de message que je recevais quand j’étais absent pendant longtemps, sans vraiment donner de nouvelles. J’étais dans un tunnel, je voulais apprendre, ne pas me déconcentrer.

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On sent parfois de la spontanéité à l’écoute de Nuages. Tu as appris à te faire davantage confiance en studio ?

Oui, sans doute. Et c’est peut-être aussi pour ça qu’il n’y a pas d’autotune sur l’album. J’ai plein de morceaux où j’utilise ce logiciel, mais là, je ne sais pas pourquoi je trouvais ça cohérent de ne pas en avoir. Ça n’empêche pas Nuages d’être un disque actuel, qui fait voyager, mais c’est vrai que j’assume davantage ma voix. Je n’ai pas peur de ne pas être juste. L’idée, en fin de compte, c’était surtout de restituer mes émotions sans trop d’artifices.

Cette spontanéité se ressent également dans certains textes. Sur Passage, par exemple, tes mots se font plus directs.

J’essaye simplement de mettre en mots des images, de traduire des émotions. Je ne suis pas dans la punchline, c’est même plutôt abstrait ce que j’écris par moment. Mais c’est vrai aussi que j’écris par instinct : dès la 1ère phase, je sais où je veux aller. Ça se ressent sur Passage. Toute proportion gardée, c’est un peu mon Wonderwall : un morceau très folk, avec une mélodie sifflotée et un message très simple.

Sur Wave, tu dis que tes textes sont “des extraits de mood”. Ça signifie que tu passes ton temps à noter ce que tu ressens ?

Quand je prends le temps de gratter un texte, c’est que je suis dans une émotion bien précise. L’idée est de la retranscrire en trois minutes, de laisser les gens la ressentir, y compris quand c’est plus abstrait. Mais pour répondre à ta question : oui, j’écris en permanence, je prends des notes, je dessine. Je pense n’avoir rien jeté depuis 2012, donc j’ai toujours un carnet à ouvrir pour puiser de nouvelles idées quand je manque d’inspiration.

Ce que j’aime dans le disque, c’est aussi le fait que la mélancolie qui s’en dégage n’est jamais pesante. Tu penses être quelqu’un de très relativiste ?

Je crois qu’être positif permet d’envoyer des ondes positives, c’est certain. Et puis le fait de causer de nostalgie ou de mettre en son un titre plus mélancolique ne doit pas masquer le fait que je suis heureux. J’ai toujours été comme ça, je me décourage rarement. J’ai beau expliquer des choses parfois un peu sombres, il y a toujours beaucoup d’espoir et de couleurs dans mes notes de guitare.

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Il y a même un côté comptine qui peut se dégager de certains morceaux…

Oui, clairement. Nuages, par exemple, est une chanson très intimiste, où je souffle à l’oreille de l’auditeur. C’est un titre qui s’écoute seul, contrairement à Slide, dont la mélodie martiale se prête plus volontiers à l’écoute collective. Nuages, à l’inverse, est un morceau fait pour se plonger dans ses émotions et qui, à l’image du disque, explique ce que je veux, d’où je viens et ce que je suis artistiquement. D’où l’idée d’enlever un maximum d’éléments afin de laisser de la place à ma guitare et à ma voix.

Le cliché du rappeur-guitariste, ça ne te fait pas peur ?

Non, c’est ce que je suis. Je peux accompagner un artiste sur scène, que ce soit Eddy Mitchell ou Laylow, sortir un morceau de rap ou reprendre un titre d’Otis Redding avec Sting, comme j’ai pu le faire sur le plateau de Taratata : ça reste de la musique. Bien sûr, j’aimerais ne pas être dans une case, mais si “rappeur-guitariste” en est une, alors elle me convient.