“Territoires de l’inquiétude”, les merveilleuses dragées pop psyché d’Orval Carlos Sibelius

Certes, la vie finit assez mal, en général, mais le destin fait néanmoins (parfois) bien les choses. Prenez le cas d’Axel Monneau, plus connu des mélomanes sous son inégalable pseudonyme d’Orval Carlos Sibelius. Si cet acrobate musical – voltigeant...

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Certes, la vie finit assez mal, en général, mais le destin fait néanmoins (parfois) bien les choses. Prenez le cas d’Axel Monneau, plus connu des mélomanes sous son inégalable pseudonyme d’Orval Carlos Sibelius. Si cet acrobate musical – voltigeant depuis une quinzaine d’années entre electro rêveuse et pop frondeuse – ne s’était pas cassé la binette à bicyclette, on ne pourrait sans doute pas savourer aujourd’hui Territoires de l’inquiétude, son épatant nouvel album.

Précisons. Suite à une chute de vélo en septembre 2021, Axel Monneau s’est fracturé le triquétrum (un petit os du poignet) et n’a pu jouer d’aucun instrument pendant plusieurs mois – ce qui, s’agissant d’un multi-instrumentiste, s’avère plutôt fâcheux. Heureusement, le garçon a de la ressource et aussi de la voix, utilisée en anglais, en yaourt (le meilleur rival de l’esperanto) ou en français (depuis l’euphorisant album Ordre et progrès, paru chez Born Bad Records en 2017).

“J’ai exhumé des morceaux inachevés, aux structures musicales plus ou moins avancées, et j’ai mis à profit cette période pour les finaliser en leur ajoutant des paroles, explique l’intéressé. Chanter, écrire des textes n’est pas ce qui m’intéresse le plus, je vois cela davantage comme une nécessité. J’ai régulièrement des mélodies qui me viennent mais je ne trouve jamais le temps pour m’occuper des mots. Je recule autant que possible le moment de m’y coller. J’ai tendance à me disperser, à toujours vouloir faire de nouveaux trucs. Là, j’ai dû me concentrer sur un projet bien défini.”

Une pop orchestrale sophistiquée

Quand le poignet endommagé a commencé à reprendre de la vigueur, notre infortuné cycliste a également pu jouer des parties de guitare et réaliser divers autres arrangements. Par ailleurs, quelques partenaires de jeu, dont le batteur Basile Ferriot, lui ont prêté main-forte (si l’on ose écrire). Finalisé en 2022, Territoires de l’inquiétude sort maintenant chez Fondation Arcana, label entièrement dévolu aux propres productions du sieur Sibelius, lancé en 2019 avec Smulkios detalés (sic), une superbe collection de pastilles instrumentales électroniques. L’album décolle sec avec L’Origine de la viande, comptine existentielle hallucinée en mode post-trad (évoquant le duo Fontaine/Areski à sa plus haute altitude) qui démarre ainsi : “La vie est un sandwich triangle/dont la tranche de jambon est indiscutablement absente.”

Les dix chansons suivantes flottent dans la sphère d’une pop orchestrale sophistiquée avec une élégance aérienne et, d’une voix flûtée, distillent de jubilatoires envolées acidulées. Parmi les plus marquantes citons Vinyle, ode décalée à nos chères galettes plastiques, Dernier contact, divagation trempée d’humour noir sur la fin de vie, ou encore Désespérément straight, constat de triste banalité sociale et sexuelle (“Mon meilleur ami insiste à la sonnette/Je lui ouvre ma porte mais pas ma braguette”). L’ensemble, dans lequel s’insinue en fin de parcours un très court instrumental synthétique onirique (Post Meridiem), constitue un pur (psyché)délice.

Territoires de l’inquiétude (Fondation Arcana/Amuse). Sortie le 3 février.