“Tick, Tick… Boom!” sur Netflix : ça fait pschitt et ça fait vroum

Les années passent et l’on entend de moins en moins souvent causer de comédie musicale américaine – que ce soit en cinéma live, d’animation, en série ou sur scène – sans lire au générique le nom de Lin-Manuel Miranda, nouvel homme fort de Broadway...

“Tick, Tick… Boom!” sur Netflix : ça fait pschitt et ça fait vroum

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Les années passent et l’on entend de moins en moins souvent causer de comédie musicale américaine – que ce soit en cinéma live, d’animation, en série ou sur scène – sans lire au générique le nom de Lin-Manuel Miranda, nouvel homme fort de Broadway depuis ses succès scéniques In the Heights (adapté au cinéma l’été dernier) et surtout Hamilton, impliqué depuis, dans à peu près tout ce qui implique de chanter outre-Atlantique (parmi une liste trop longue pour le calibre de cet article, on citera simplement Disney dont il est le compositeur le plus régulier depuis Vaiana).

À la fois auteur, compositeur et interprète, Miranda a d’abord été le visage d’une petite révolution, “amenant” (exception faite de West Side Story, ce qui reste une exception colossale) les récits de l’immigration hispanique et les sonorités hip hop (format bon teint) dans les plus grandes productions de Broadway. Mais il s’applique récemment plutôt à s’inscrire dans la continuité et à rendre hommage au patrimoine des planches new-yorkaises, après avoir coproduit la série Fosse/Verdon et en signant aujourd’hui cette toute 1ère réalisation tirée du “rock monologue” de Jonathan Larson.

Un auteur angoissé par le succès qui ne vient pas

Le film reprend la trame d’une performance scénique à mi-chemin entre le musical et le seul en scène autobio, créée à quelques reprises aux débuts des années 1990 par le futur auteur de Rent, triomphe dont il ne goûtera pas la gloire (trois Tony Awards et une multitude de reprises de Broadway à West End en passant par Hollywood) puisqu’il décédera la veille de la 1ère.

Les événements de Tick, Tick… Boom! précèdent de cinq années et d’un gros gap de notoriété cette fin tragique. Larson est un auteur bientôt trentenaire, angoissé par ce succès qui ne vient pas, vivotant à Greenwich Village d’un maigre salaire de serveur, de l’estime d’une poignée de mentors (dont tout de même Stephen Sondheim) et du soutien d’une chaleureuse bande d’amis sur laquelle pèse néanmoins la menace du SIDA.

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D’où un récit excessivement gigogne, empilant une reconstitution du quotidien du jeune metteur en scène, une reconstitution de la performance scénique par laquelle il le racontait alors, le tout entrecoupé de très regrettables reconstitutions – façon filtre Instagram “effet VHS” – de captations de ladite performance et d’autres morceaux de vie. Le tout sans une seule apparition (exception faite du générique de fin) du véritable Jonathan Larson remplacé à toutes les strates de la représentation par un Andrew Garfield en surchauffe.

Mille-feuilles de fake

Au-delà de ce côté mille-feuilles de fake, le film est à bien des égards fatigant. Principalement, par la faute de son acteur (choisi par Miranda pour ses ressources de “bête de théâtre” constatées lors de sa performance en tête d’affiche d’Angels in America) qui semble à chaque scène s’épuiser à décrocher un rôle dont il serait opportun de lui signaler que c’est bon, il l’a. Ensuite par le sujet lui-même qui – et l’on s’excuse au passage de froisser les fans endeuillés de l’auteur – ressemble quand même à une version très réchauffée, peu inspirée et quelque peu complaisante du thème vu et revu de la bohème urbaine et du portrait de bande d’artistes désargentés.

Difficile de déterminer dans quelle mesure cela est dû à Miranda, à Garfield ou à Larson lui-même, mais il est tout de même regrettable de constater à quel point le personnage apparaît ici comme antipathique, englué dans un exercice dont le narcissisme intrinsèque aurait certes pu ne pas être un problème s’il n’avait viré comme ici à une espèce d’autoproclamation de génie.

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