“Ugly Season ” de Perfume Genius : un album hanté et irrésistiblement charnel

Jamais la locution anglaise body of work n’a sonné aussi juste que pour désigner la discographie de Perfume Genius. Dialoguant entre elles dans une interdépendance qui forme depuis 2010 un vigoureux corpus, les créations de Mike Hadreas participent...

“Ugly Season ” de Perfume Genius : un album hanté et irrésistiblement charnel

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Jamais la locution anglaise body of work n’a sonné aussi juste que pour désigner la discographie de Perfume Genius. Dialoguant entre elles dans une interdépendance qui forme depuis 2010 un vigoureux corpus, les créations de Mike Hadreas participent à la composition d’une œuvre globale au sein de laquelle mature une esthétique de la corporalité.

Peut-être cristallisé au mieux sur No Shape (2017), le symbolisme qu’il articule dans sa musique s’enrobe de rugosité comme pour expliquer les corps et la physicalité dans leur matérialité la plus profonde. Des pianos écharpés à l’œuvre dans d’intimes 1ers efforts (Learning, 2010, et Put Your Back N 2 It, 2012) aux vrombissantes instrumentations de ses plus viscéraux derniers projets (de Too Bright, 2014, à Set My Heart on Fire Immediately, 2020), la musique marquante de Perfume Genius vise l’épiderme.

Des apparitions aussi flamboyantes que rares

Une sensation d’accomplissement plane ainsi sur cet Ugly Season. D’abord, car la musique est celle composée pour la pièce The Sun Still Burns Here de la chorégraphe Kate Wallich, ce qui situe d’emblée la place du corps dans le processus créatif du projet. Mais ensuite – et surtout – parce que, à l’écoute, la confrontation est féconde.

On assiste à un ballet hanté, une pièce diaphane ornée de vide où résonnent des bourdonnements ankylosés peinant à se muer en rythme. Irrémédiablement, on pense au Fantôme de l’Opéra (1910) de Gaston Leroux, ou plutôt à sa géniale déformation cinématographique Phantom of the Paradise (1974).

L’artiste n’a jamais caché son penchant pour les cultures fétichistes

Si la relecture de Brian De Palma en proposait une variante involontairement camp, celle de Perfume Genius pourrait en être le versant résolument freak, d’autant plus que l’artiste n’a jamais caché son penchant pour les cultures fétichistes.

À l’écoute, les tensions soutenues des orchestrations abritent l’irréprochable falsetto de Mike Hadreas, spectre égaré dans son propre album, dont les apparitions sont d’autant plus flamboyantes qu’elles savent se faire rares. De la ténébreuse Herem à l’ensorcelante Pop Song, Ugly Season se forme comme une respiration, entre retenue et relâchement, la sagacité de composition en signature.

Ugly Season (Matador/Wagram). Sortie le 17 juin. Concert le 27 août à Rock en Seine (Saint-Cloud).