Vincent Macaigne panse l’angoisse des autres dans “Médecin de nuit”

Pas assez shakespearien pour atteindre James Gray, trop propre pour ressembler à du Abel Ferrara, le traitement du polar chez Elie Wajeman n’est qu’un leurre, une façade dissimulant une seconde écriture dont la rigueur s’approche de celle de...

Vincent Macaigne panse l’angoisse des autres dans “Médecin de nuit”

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Pas assez shakespearien pour atteindre James Gray, trop propre pour ressembler à du Abel Ferrara, le traitement du polar chez Elie Wajeman n’est qu’un leurre, une façade dissimulant une seconde écriture dont la rigueur s’approche de celle de l’ethnologie.

Dans Alyah, son 1er film réalisé en 2012, le cinéaste français faisait l’examen d’une identité en mouvement (un petit dealer parisien qui prépare son voyage initiatique vers Israël). Si dans Médecin de nuit, il capture également un personnage au seuil d’un changement de vie, il est surtout question d’espace, de rendre compte de la complexité d’un lieu et d’observer les différents rites qui unissent ou scindent ses habitant·es.

Face à la nuit

Suspendu aux différentes courses et visites nocturnes de son protagoniste, le film établit une cartographie minutieuse d’un Nord-Est parisien devenu l’allégorie d’une capitale insomniaque. Entre travailleur·euses de nuit, fêtard·es, personnes sans domicile fixe et toxicomanes, ce qui lie une entité noctambule aussi diversifiée, c’est sa résistance face à la nuit. Secoué par la crainte, l’addiction ou la misère, c’est un corps social qui ne parvient pas à trouver le sommeil.

L’acteur qui, depuis plus d’une décennie, irrigue le cinéma français de sa présence tourmentée est soudain investi de la fonction de celui qui soigne

Ce qui est particulièrement émouvant, c’est la façon dont le film distribue la fonction du soigneur à Vincent Macaigne. L’acteur qui, depuis plus d’une décennie, irrigue le cinéma français de sa présence tourmentée, celui dont les rôles ont percé avec force et fragilité l’inquiétude de ne pas être aimé, d’aimer mal ou, plus radicalement, de vivre, est soudain investi de la fonction de celui qui soigne.

Le plus inquiet des acteurs se voit révèler la tâche de panser l’angoisse des autres. Comme si tous les maux accumulés par ses précédents personnages lui conféraient le pouvoir, par sa seule présence, d’absorber la peine.

A lire aussi : Vincent Macaigne : “La crise du coronavirus pose la question de l’individuel et du collectif”

Médecin de nuit d’Elie Wajeman, avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmaï (Fr., 2021, 1h22)