Charte des principes de l'islam: l'urgence, c'est la formation des imams et son financement

Gérald Darmanin va-t-il aboutir, là où tant de ses prédécesseurs, par facilité ou par manque de courage, par renoncement ou simplement par naïveté, ont échoué? Va-t-on enfin aboutir à la mise en place, en France, d’une formation des ministres...

Charte des principes de l'islam: l'urgence, c'est la formation des imams et son financement

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Un imam dirige les prières du vendredi à la Grande Mosquée de Paris le 30 octobre 2020. (Photo by Kiran Ridley/Getty Images)

Gérald Darmanin va-t-il aboutir, là où tant de ses prédécesseurs, par facilité ou par manque de courage, par renoncement ou simplement par naïveté, ont échoué? Va-t-on enfin aboutir à la mise en place, en France, d’une formation des ministres du culte musulman?

Cela fait des années que nous soulignons dans le rapport du Sénat ou dans la proposition de loi, l’urgence qu’il y a à former les ministres du culte musulman en France et l’aberration que constituent à la fois la pratique des imams détachés et celle de la formation des futurs ministres du culte à l’étranger.

Le rapport rédigé avec André Reichardt faisait un point particulièrement précis de la situation et demandait la fin de cette pratique.

Il est inconcevable que les musulmans de France ne puissent pas former leurs ministres du culte en France, faisant ainsi perdurer le système anachronique de l’islam des consulats.

Chaque “chapelle” si j’ose dire, gardant la main sur l’encadrement religieux.

Il n’est pas surprenant que les fédérations turques n’aient pas signé cette charte, pas surprenant du tout, lorsque l’on sait que les ministres du culte turcs sont des fonctionnaires directement payés par la Turquie qui arrivent en France en qualité d’assistant sociaux.

 

Il est quand même extraordinaire qu’au mépris le plus complet de la loi de 1905, des ministres français aient signé des conventions avec des gouvernements étrangers pour former des imams.

 

Le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) ainsi que Millî Görüs (CIMG) et le mouvement Foi et Pratique, proche des prédicateurs du Tabligh prônant une pratique religieuse rigoriste, ont donc sans surprise différé leurs signatures. 

Beaucoup d’observateurs ou de commentateurs sont focalisés sur les financements étrangers des mosquées, mais la formation des esprits est bien plus importante que la pierre!

Il est quand même extraordinaire qu’au mépris le plus complet de la loi de 1905, des ministres français aient signé des conventions pour former des imams, ce fut le cas de Bernard Cazeneuve le 18 décembre 2014 avec le Ministre des Affaires religieuses et de Wakfs de la République Algérienne, et de Laurent Fabius avec le Ministre des Abous et des affaires islamiques le 19 septembre 2015 à Tanger, la convention avec la Turquie date elle de 2010 (le texte de ces conventions est annexé à notre rapport du Sénat page 509 et suivantes). 

Et oui il faut que les imams soient formés en France, connaissent et adhèrent à notre bloc de légalité.

Reconnaissance du Génocide Arménien, reconnaissance de la Shoah et répression du négationnisme, interdiction de la peine de mort et de la torture, mariage pour tous etc.

Et cette formation doit être faite en coopération avec les universités sur la base d’un cursus élaboré par l’ensemble des fédérations musulmanes qui sont en France et aussi par des responsables religieux.

Élaborer un cursus de formation, contenu, durée et labellisation n’est pas une affaire simple, c’est même un sujet d’une gravité et d’une complexité extrêmes.

Comment imaginer la cohabitation à Lyon, par exemple, d’une importante communauté arménienne et d’une communauté turque raffermie à chaque occasion, dans la négation du génocide arménien.

Comment concevoir que les imams formés en Algérie et qui exercent dans la banlieue parisienne, par exemple, puissent facilement faire société avec les communautés juives, alors qu’il n’y a plus de juifs en Algérie et encore moins de connaissance de l’histoire et de la Shoah, sans parler de la haine d’Israël.

Bien entendu il y a toujours des exceptions mais globalement cette situation n’est plus tenable. 

Reste la question du financement de la formation.

Je suis totalement opposée à la solution trouvée par le Président de la République qui a proposé, en accord avec les dirigeants de l’Arabie Saoudite, un financement via un prélèvement sur le Hadj.

Je suis hostile à ce que le financement (en réalité une minuscule part de ce financement) soit payé par une contribution octroyée par l’Arabie Saoudite. Nous sommes à contresens de l’histoire! Où serait l’indépendance, si en fait nous mettions en place un financement indirect en provenance d’un manque à gagner de l’Arabie Saoudite, sur le Pèlerinage?

Cette solution n’a aucun sens et n’est pas acceptable, alors je reviens au serpent de mer de la redevance Halal.

Car oui, le circuit de la nourriture Halal peut constituer un mode de financement acceptable pour la formation des ministres du culte musulman. D’abord, il s’agit d’une filière qui draine plus de 6 milliards d’euros, ensuite on pourrait calquer son organisation sur le modèle de la filière cachère, et trouver un mode de prélèvement, une redevance donc, et pas une taxe.

Mais voilà, pour arriver à cette solution d’un prélèvement sur la filière halal, il faudrait s’attaquer à son opacité.

Les revenus des taxes d’abattage, des certificats des sacrificateurs, etc constituent un ensemble totalement opaque, dont les secrets sont bien gardés entre 3 grandes mosquées, Paris, Lyon, Évry qui ne veulent à aucun prix que la transparence soit faite.

 

Élaborer un cursus de formation, contenu, durée et labellisation n’est pas une affaire simple, c’est même un sujet d’une gravité et d’une complexité extrêmes.

 

Nous avions proposé des solutions dans notre rapport sénatorial de 2016. Ces solutions sont toujours d’actualité, car rien n’a bougé depuis.

Sans interférence, on pourrait imaginer une simple aide technique des services de Bercy, ou mieux dans la fraternité d’Abraham, une aide du Consistoire Israélite pour qui les revenus de la filière cachère constituent une part importante des revenus.

Qu’en France soit ouvert, grâce aux communautés musulmanes, un centre de formation des ministres du culte et des aumôniers qu’il ne faut pas oublier, est d’une importance capitale. Pour ne plus subir des influences étrangères indésirables, mais aussi pour promouvoir un islam respectueux des règles républicaines grâce à une formation in situ, dans le contexte national de la laïcité, cette autre exception française.

Je suis persuadée que les communautés musulmanes, leurs responsables et les musulmans de France, otages des extrémistes, auront à cœur de faire aboutir ce projet essentiel.

Déjà l’Union des Mosquées de France avait dit son accord pour un travail sur ce sujet.

Avec la Charte, signée le 18 janvier, même modeste, s’ouvre un chantier très important pour les Français de confession musulmane, ce chantier comportera ensuite une évolution pour une meilleure représentativité des instances représentatives, donc du CFCM.

C’est aux musulmans de prendre en main leur organisation, car à défaut d’autres, moins bien inspirés sans doute, vont continuer à exploiter politiquement chaque avancée du petit noyau de musulmans radicalisés qui prennent toute une communauté en otage. Les débats sur le texte en discussion à l’Assemblée nationale “confortant le respect des principes de la République” nous le rappelle chaque jour.

 

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