Confinement: le variant anglais, facteur déterminant dans les jours à venir

SCIENCE - La France est lancée dans une course contre la montre face à l’épidémie de Covid-19. Et le nouveau variant britannique 501.V1 (ou VOC2020) en est “un facteur déterminant pour les jours, semaines et mois à venir”. C’est ce qu’a déclaré...

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La rapidité avec laquelle va se répandre le variant britannique en France aura un impact sur la date d'un possible reconfinement.

SCIENCE - La France est lancée dans une course contre la montre face à l’épidémie de Covid-19. Et le nouveau variant britannique 501.V1 (ou VOC2020) en est “un facteur déterminant pour les jours, semaines et mois à venir”. C’est ce qu’a déclaré Olivier Véran lors d’une audition au Sénat, ce jeudi 21 janvier. 

“Si la part de variant devait augmenter de façon sensible et que nous devions suivre une trajectoire à l’anglaise, le confinement deviendrait probablement une nécessité absolue”, a précisé le ministre de la Santé.

La semaine passée, après avoir annoncé un couvre-feu national dès 18 heures, Jean Castex avait précisé que si un troisième confinement n’était pas prévu, il pourrait être décidé sans délai en cas de “dégradation épidémique forte”. Et les exemples proches, notamment au Royaume-Uni et en Irlande, se multiplient ces dernières semaines.

Évidemment, ce qui pourrait faire basculer l’épidémie, dont les chiffres sont plutôt stables avec une hausse légère ces derniers jours, c’est l’émergence de cette nouvelle souche du coronavirus, découverte en Angleterre, et probablement plus contagieuse. Plusieurs chercheurs ont réalisé des études afin de comprendre comment ce variant pourrait faire exploser l’épidémie très rapidement.

Un variant qui va s’imposer, mais quand ?

Selon les modèles réalisés par l’Institut Pasteur, dévoilés dans une note du Conseil scientifique datant du 13 janvier, le variant pourrait représenter de 4% à 9% des contaminations au 1er février et de 16% à 57% le 1er mars. Ce grand écart est dû à une incertitude: à quel point cette nouvelle souche est-elle plus contagieuse? Les estimations actuelles varient entre 40% et 70% de hausse.

Dans ce scénario, qui n’est pas une prédiction, les chercheurs ont pris d’autres hypothèses en se basant sur la situation actuelle, notamment sur deux points. D’abord, ils sont partis du principe que l’épidémie va continuer de stagner, le R effectif reste à 1, ce qui veut dire qu’une personne en contamine une autre en moyenne.

Ensuite, ils ont fait l’hypothèse que la souche anglaise représentait environ 1% des cas de Covid-19 en France au 7 janvier. C’est le résultat d’une grande analyse partielle réalisée récemment par Santé publique France (voir plus de détails dans notre article).

Du côté de l’Inserm, l’équipe de Vittoria Colizza a également fait tourner ses modèles mathématiques pour interroger l’impact du variant britannique. Les scénarios testés sont ici un peu plus larges, selon les résultats dévoilés le 16 janvier. Les auteurs ont imaginé un taux de propagation stable (1), mais aussi une hausse plus ou moins forte de l’épidémie (R effectif à 1.1 ou 1.2).

Évidemment, plus l’épidémie se propage fortement sans variant à l’origine, plus la situation se détériore vite. Dans le meilleur des scénarios, le variant devient majoritaire courant mars. Dans le pire, dans la troisième semaine de février.

Hausse en sous-marin

Mais il faut bien comprendre que le variant britannique n’attend pas d’être dominant pour poser problème. Plus il progresse, plus il entraîne avec lui l’épidémie vers une hausse exponentielle si rien n’est fait. Au Royaume-Uni, quand le variant représentait 30% des séquences, l’épidémie repartait déjà fortement à la hausse.

Dans le meilleur des scénarios envisagés par l’Inserm, on atteint à la fin du mois de mars le même niveau d’hospitalisations que lors du pic du deuxième confinement. Si l’on imagine le pire (R effectif à 1.2, variant 70% plus contagieux), ce seuil sera atteint mi-février.

Les courbes représentent le nombre de nouvelles hospitalisations hebdomadaire. En orange, ce sont celles dues à une infection avec la version classique du coronavirus. La courbe en pointillée représente les infections dues au variant uniquement. La courbe de la même couleur, mais unie, représente l'ensemble des infections. Les graphiques du dessus imaginent un variant 50% plus transmissible. Celles du dessous, un variant 70% plus transmissible. Les trois colonnes représentent les trois scénarios de R effectif (1, 1.1, 1.2).

 

Ces scénarios vous dépriment? Vous avez bien raison. Mais il ne faut pas oublier que ce ne sont pas des prédictions. Les équipes de l’Inserm comme de Pasteur imaginent une épidémie stable. Or, il est possible de faire bouger les lignes, en bien comme en mal, en changeant nos comportements, ou via des restrictions. L’une des grandes inconnues, c’est l’efficacité du couvre-feu à 18h.

L’efficacité du couvre-feu, la grande inconnue

La semaine passée, de timides premières données semblaient montrer une hausse moins importante dans les départements sous ce régime depuis le 2 janvier. Une tendance qui se confirme, comme le montrent les graphiques ci-dessous réalisés par Germain Forestier, professeur de sciences informatiques qui réalise de nombreuses visualisations de l’épidémie de Covid-19.

Mais il est trop tôt pour être sûr. Il faudra que ces tendances se confirment sur les hospitalisations. De plus, difficile de dire à quel point ce décrochage est dû à l’avancement du couvre-feu.

Si cette mesure fonctionne très bien, on devrait voir, assez rapidement, une évolution des tendances, mais les jours sont comptés.

L’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, expliquait le 19 janvier sur BFMTV qu’on “a peut-être deux semaines pour ‘marcher sur cette ligne de crête’, tester les dernières choses qu’on peut faire avant d’aller vers un reconfinement”.

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