“Le Dernier des Juifs”, une comédie douce-amère sur la judéité française 

Voilà dix ans que le travail de Noé Debré, avec un spectre de films très divers, de Dheepan (Jacques Audiard) à Problemos (Éric Judor) en passant par Le monde est à toi (Romain Gavras), l’a érigé en script doctor incontournable dans toutes...

“Le Dernier des Juifs”, une comédie douce-amère sur la judéité française 

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Voilà dix ans que le travail de Noé Debré, avec un spectre de films très divers, de Dheepan (Jacques Audiard) à Problemos (Éric Judor) en passant par Le monde est à toi (Romain Gavras), l’a érigé en script doctor incontournable dans toutes les strates du cinéma français, sans qu’on identifie aisément ses qualités propres derrière celles du mécanicien narratif et du caméléon. Le Dernier des Juifs, sa 1ère réalisation en long métrage, dévoile moins qu’elle ne brouille les pistes, tant elle s’applique à gommer les frontières entre la comédie rassembleuse, le drame social, le brûlot politique et la fantaisie weird.

Autant de régimes gravitant autour de Bellisha, 27 ans, jeune homme juif de banlieue s’occupant d’une mère malade pour qui il fait les courses et le ménage, en maintenant l’illusion d’une vie active, passant en réalité ses journées à glander gaiement. Le titre, frappant, peut faire allusion à un essai de Derrida sur le désintérêt indigne et paradoxal que lui inspire, comme à Bellisha, sa judéité, faisant de lui le “dernier” – mais au sens du classement. Il est plus prosaïquement lié à un thème sociologique – le départ des Juifs des quartiers populaires, dont la conscience frappe Bellisha un beau jour, comme un éclair de triste lucidité perforant son insouciance : il n’y a plus un Juif dans sa cité.

Le film se propose comme une vue en coupe de la judéité française, entre sociotypes, déplacements de population (drôle de diaspora miniaturisée à l’échelle francilienne, du 93 au 94), bureaucratie de l’alya et, bien sûr, recrudescence de l’antisémitisme envisagée alternativement comme une réalité et une paranoïa. Sur ce tableau doux-amer plane le souvenir d’un melting-pot banlieusard black-blanc-beur-juif dont le film semble à la fois porter le deuil et tenter de construire le réveil, le tout dans un contexte politique à l’écho éminemment douloureux mais qui, fort heureusement, n’intimide pas sa part de légèreté.

Le Dernier des Juifs de Noé Debré, avec Michael Zindel, Agnès Jaoui, Youssouf Gueye (Fr., 2023, 1h30). En salle le 24 janvier.