Les femmes, moins symptomatiques, mais plus touchées par le Covid long

CORONAVIRUS - Douleurs, essoufflement, hypertension, grande fatigue, problèmes intestinaux… Près d’un quart des personnes ayant contracté le Covid-19 font face, un mois après ou plus, à des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas expérimentés...

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Les femmes, moins symptomatiques, mais plus touchées par le Covid long (photo d'illustration).

CORONAVIRUS - Douleurs, essoufflement, hypertension, grande fatigue, problèmes intestinaux… Près d’un quart des personnes ayant contracté le Covid-19 font face, un mois après ou plus, à des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas expérimentés avant leur infection, selon une vaste étude ayant analysé les données médicales de près de deux millions d’Américains touchés par le virus.

L’étude réalisée par l’institut américain Fair Health et dévoilée ce 15 juin met en évidence des disparités par genre. Parmi les victimes de ce qu’on appelle communément le “Covid long”, les femmes sont la plupart du temps surreprésentées. Pourtant, elles sont généralement plus résistantes que les hommes lors de la phase la plus infectieuse de la maladie. 

Pour arriver à affiner ainsi le profil des victimes, Fair Health a récolté et analysé les données de 1,9 million de personnes diagnostiquées positives au Covid-19 entre février et décembre 2020. “La plus grande enquête jamais réalisée pour étudier les effets à long terme du Covid-19”, se targue l’organisme indépendant. 

Plus de migraines, dépressions et problèmes de thyroïde 

“La plupart des symptômes post-Covid recensés étaient plus fréquents chez les femmes que les hommes”, résume l’organisme dans un communiqué. Ce résultat confirme de précédents travaux sur la question. “Les femmes de moins de 50 ans sont cinq fois moins nombreuses à se sentir rétablies après le Covid-19”, pouvait-on lire en mars dans les résultats préliminaires d’une étude britannique. 

Pour certaines manifestations du Covid long, il existe parfois un véritable fossé entre les hommes et les femmes. Ces dernières sont 70% à déclarer souffrir de problèmes de thyroïde, de dépression, de migraine et de maux de tête, contre 30% des hommes. Les vertiges, les problèmes de peau ou d’intestins à la suite d’un Covid-19 sont 20% plus fréquents chez les femmes. 

Ces résultats sont contre-intuitifs, car les femmes sont moins vulnérables lors de la phase la plus intense du Covid-19. Elles ont deux à trois fois plus de chance d’échapper à des formes nécessitant une admission en réanimation, selon le Point sur les connaissances du SARS-CoV-2 de mai 2021 de l’Inserm.

D’autres facteurs que les séquelles et la réaction immunitaire?

Ces disparités de genre montrent que d’autres facteurs que la puissance et la gravité des symptômes du Covid-19 rentrent en compte dans le Covid long. Ainsi, si le Covid long est plus fréquent chez ceux qui ont été hospitalisés (50%) et chez les symptomatiques (27%), il reste courant chez les asymptomatiques (19%), qui ne souffrent pourtant d’aucune séquelle liée à l’hospitalisation et n’ont a priori pas subi une réaction immunitaire très intense. 

Comment expliquer alors que les femmes présentent plus souvent des symptômes prolongés? Est-ce un biais statistique dans les déclarations? Le résultat d’une réaction immunitaire différente? L’étude ne le dit pas. Le “Covid long” est donc encore loin d’avoir livré tous ses secrets, même si les études se multiplient.

L’analyse de Fair Health permet par ailleurs de préciser les symptômes les plus courants: des douleurs (névralgie, douleurs musculaires...) pour 5% des personnes, et des difficultés à respirer, dans 3,5% des cas. 

Les patients ayant déjà rapporté de tels symptômes avant leur infection au Covid-19 ont été exclus de l’étude, précise Fair Health. Un moyen de s’assurer que les résultats ne sont pas faussés par des pathologies plus anciennes. 

Mais cela reste insuffisant pour véritablement trancher sur la proportion exacte de ces formes de Covid long. Ainsi d’autres études annoncent des chiffres différents. “French Covid” de l’Inserm fait par exemple état de 60% de patients atteints de ces symptômes 6 mois après leur diagnostic.

Des causes toujours inconnues

Si l’on sait toujours aussi peu de choses sur cette maladie, c’est parce qu’il est difficile d’imputer ces symptômes au Covid-19 lui-même. L’étude de Fair Health n’inclut pas de groupe de test. Celui-ci aurait permis de distinguer ce qui relève d’une pathologie annexe (changement de mode de vie, traumatisme, hospitalisation, effets secondaires de médicaments, somatisation…)

Les symptômes persistants du Covid-19 sont peu à peu étudiés par les scientifiques. Mais les causes “sont toujours inconnues”, note Fair Health. “Les hypothèses incluent une réponse immunitaire persistante (...), des dégâts provoqués par le virus, par exemple des voies neuronales, qui mettent du temps à guérir, ou la présence durable d’un faible niveau de virus”.

En France, la reconnaissance du Covid-19 long avance progressivement. Un texte porté par les groupes de la majorité (LREM, MoDem, Agir) a été adopté par l’Assemblée nationale le 17 février. Il “appelle à redoubler les efforts pour mieux connaître, comprendre et traiter cette maladie” et ses “complications à long terme”. C’est une 1ère pierre à l’élaboration d’un “parcours de soins adapté” pour les “personnes souffrant de complications persistantes”.

Le suivi de 600 malades atteints de Covid-19 par l’AP-HP a permis de nommer une cinquantaine de symptômes différents. Ils vont des problèmes urinaires à l’hypoacousie (perte de l’audition), en passant par les nausées ou les bouffées de chaleur. L’inventaire a de quoi faire peur. En réalité, son existence est un grand pas en avant: c’est en identifiant les symptômes que l’on traite la maladie.

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