SCH : une superbe histoire écrite avec sa discographie entière

Aurélien Sansus, un fan de SCH, a puisé au plus profond de sa discographie pour rédiger une superbe fiction inspirée de l’intégralité de ses morceaux.  La communauté rap ne manque clairement pas de talent. Aurélien Sansus, un fan de SCH, nous...

SCH : une superbe histoire écrite avec sa discographie entière

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Aurélien Sansus, un fan de SCH, a puisé au plus profond de sa discographie pour rédiger une superbe fiction inspirée de l’intégralité de ses morceaux. 

La communauté rap ne manque clairement pas de talent. Aurélien Sansus, un fan de SCH, nous a fait suivre une longue fiction qu’il a rédigée, dans laquelle il narre l’histoire d’un homme vagabondant entre ses pensées, ses incertitudes et ses ambitions. Son texte met surtout en relief l’intégralité des morceaux de la discographie de SCH, dans l’ordre. Sont donc subtilement incorporées les références de l’artiste, autour de ses quatre oeuvres : A7, Anarchie, Deo Favente, JVLIVS et Rooftop. Avant le deuxième tome de JVLIVS qui promet récit et story-telling, petite plongée dans cette longue et admirable fresque.

À lire également : on a parlé avec SCH : «Le tome 2 de JVLIVS est terminé à 90 %»

Sous le Coeur d’un Homme (SCH) selon Aurélien Sansus

Je crie “Help” comme John Lennon mais personne ne m’entend. Fébrile, sur la A7 je me demande pourquoi je n’ai pas les épaules Solides… Le cœur pleure mais le corps lui ne se mouille pas, on croirait presque au miracle de Gédéon.

Enfin, j’oublie sur le bitume mes Rêves de gosse, et je laisse à Dieu mon destin. Je me souviens de la discussion entre Genny & Ciro : « On pense savoir ce qu’on va faire, mais Dieu seul peut savoir à l’avance comment les choses finissent… » Si Gomorra est une fiction, mes Mauvaises idées elles, sont bien réelles.

Je sens mon cœur se glacer, aucun Liquide ne semble couler dans mes veines. Lui qui pleurait, se met maintenant à ne quasiment plus battre. Vais-je mourir ici ? Après tout, ici ou ailleurs, c’est un peu pareil, il n’y a Pas de Manières. L’amour devrait être une Drogue prohibée… Il fait du bien la première fois, avant de vous rendre indécent, vous faisant miroiter qu’un dîner sur les Champs-Élysées ou qu’un rendez-vous au sommet de la Tour Eiffel devient une normalité.

Un subit battement de cœur me permet cependant de ne pas fermer les yeux pour la dernière fois. J’éteins mes phares, je coupe le contact et respire. J’reviens de loin, cette pulsion fût comme un coup de Fusil.

“A7” de SCH, dévoilé en 2015. © Koria

C’est l’Anarchie dans ma tête, ma tristesse est Trop énorme et je ne cesse de penser à elle… Je la connais, elle et ses sentiments incompréhensibles, aussi abstrus que le jeu de mot “Cartine Cartier” pour un français. J’ai sûrement besoin d’aller voir Le doc, mon esprit semble aussi inaccessible que la cage à Neuer. Sauf que ma cage à moi, elle, est remplie de rage, et qu’aucun “Alléluia” ne semble s’échapper d’elle.

J’hésite à prendre mon téléphone, appeler celle qui jamais ne m’a laissé… Allô maman ? Ça va pas fort…” Mais à quoi bon la rendre triste elle aussi, ce n’est plus comme Quand on était mômes et qu’on réglait nos problèmes par un “bisou magique”. Aujourd’hui, même Dix-neuf de ses baisers ne sauraient combler mes peines. J’ai besoin d’air, d’espace, d’être seul. Monter au sommet de l’Himalaya pour se rapprocher un peu plus du ciel, là où le vent Essuie tes larmes et emporte avec lui les regrets et les remords les plus amers. La lune n’est pas complètement pleine mais elle renvoie quelques rayons au travers des vitres de la Murcielago. Après réflexion, je me décide à sortir.

"Anarchie" de SCH. © Koria

“Anarchie” de SCH. © Koria

Je fais Comme si j’étais dans un putain de film : un pied sur l’asphalte, l’autre sur le rebord de la portière. Mais au fond n’est-ce pas la peur qui me retient ? L’impression que l’habitacle me protège des agressions extérieures et que si je le quitte, mes démons me tueront par surprise comme Nino Brown. Allez leur dire que je ne suis pas encore prêt, que les aiguilles de ma Day Date ne s’arrêteront pas ce soir.

Le cœur s’accélère, mes battements si faibles jusqu’à présent, s’emballent. D’un coup par coup, je me retrouve avec un Mac 11 dans la poitrine qui sonne comme durant Les années de plomb. Je jette un dernier regard côté passager avant de claquer la porte. Le siège est vide mais son parfum n’a pas quitté l’appui-tête. Ressasser sans cesse ces souvenirs ne m’apportera Pas la paix, alors je décide de les effacer. Je m’éloigne d’un pas lourd et lent avec dans ma main un briquet. Je l’allume et J’attends. Ce dernier fait danser sa flamme sous mes yeux quand je prends enfin la décision de le lancer dans la voiture. Elle, et tout ce qu’elle contient font désormais partis du passé, même Ma kush caché dans la boite à gants que je n’aurai donc jamais essayée. Tant mieux, ça ne me ressemblait pas après tout…

Alors que je pense à mes problèmes toujours plus nombreux s’entassant les uns sur les autres à la manière d’une Poupée russe, je suis secoué par un courant d’air puissant accompagné d’un bruit sourd que je sens à quelques centimètres à peine. L’autoroute est sans pitié et cette BMW 6.45i vient de me le rappeler. Je m’empresse de la quitter au plus vite en coupant dans un champ. Oui mais voilà, les tournesols sont hauts, rendant ma progression difficile. La sensation d’être en Slow Mo, m’avançant dans La nuit qui se fait néanmoins de plus en plus claire, alors Ça va. Un dernier Météore dessine sa traînée incandescente sur son passage, avant de laisser place aux premières lueurs de l’aube.

Après une longue traversée qui me parût interminable, je me retrouve perdu au beau milieu d’une ville. Je ne sais pas exactement l’heure qu’il est, mais la ville est sans vie comme suspendue à un Temps mort qu’aucun évènement ne pourrait inquiéter, pas même un Hold up.

"Deo Favente" de SCH. © Koria

“Deo Favente” de SCH. © Koria

Le jour se lève enfin quand s’abat Le déluge. Les gouttes frappent mon visage et moi je me sens perdu en tous sens : sentimentalement comme géographiquement. J’emprunte une rue étroite et sombre malgré le jour. Sur un mur, on peut lire “VNTM” inscrit en rouge. Un rouge si profond que l’on croirait du sang. Ici, la terre, les murs, témoignent de grandes afflictions, de plaies qu’aucune Pharmacie ne saurait soigner.

La nuit terrible que je venais de passer commence à me peser physiquement. J’erre machinalement, ma démarche est enrayée, mes pas lents et faibles, tout l’inverse d’une balle de Tokarev. Un panneau indique une auberge à 420 mètres, ce sera l’occasion de reprendre des forces. Juste avant d’y arriver, je passe un pont qui saute une petite rivière qui me rappelle l’Otto en Nouvelle-Zélande. Les bons souvenirs d’une époque sans soucis… Je n’ai pas ouvert la porte que déjà, les regards des habitués me dévisagent. Je commande une chocolatine et un café et je pars m’installer près d’une fenêtre. Le serveur arrive et je remarque à son poignet une Sky-Dweller. Étonnant, pour une personne dans son genre d’arborer une telle montre qui doit représenter deux années de son salaire… Enfin, je me délecte de mon petit-déjeuner : manger ne m’avait jamais paru si Facile. Me voilà Prêt à partir quand soudain, des clients me prennent à partie. Un homme m’insulte, un autre est Mort de rire, je ne comprends pas bien la situation mais je devine que leurs vies n’est qu’Ivresse & Hennessy et décide donc de ne pas répondre. La pluie a cessé, j’en profite donc pour repartir.

En passant devant une église, je m’arrête devant une grande croix. Dans mon fort intérieur, je crie “Seigneur, J’t’en prie fais-moi un signe” mais au dehors, mon visage, mon regard, mon attitude, sont vides d’émotions. Lui en qui je crois, peut-être m’en veut-il de ne Lui parler que lorsque j’en ai besoin… Ma prière faite, je passe ma route et continue à marcher jusqu’à atteindre une clairière dominée par un immense sol pleureur. Là, je me glisse dans l’ombre de son feuillage, le dos appuyé sur le tronc où je remarque que quelqu’un y a gravé “Beretta 92FS“. Une drôle d’idée, mais qui me surprend peu quand je repense aux nombreux trous que j’ai croisé jusqu’ici : les arbres, les murs, les toits, tout semble avoir été ravagé par une pluie de balles. La batterie de mon téléphone est aussi affaiblie que moi, c’est à peine si j’arrive à taper Le code. Il est temps maintenant de supprimer ces photos, témoins d’un amour Incompris et impossible. La tâche accomplie, étant bien protégé par l’arbre, j’opte pour une sieste dont j’ai grand besoin.

J’ai quitté ce matin un ciel voilé, drapé de nuages noirs larmoyants pour me réveiller devant un Ciel rouge et gris. Je devine sans mal que ma sieste fût en fait une nuit en plein jour. Je suis tourmenté, mon cœur est rempli de haine et de ressentiments envers elle, rien n’a changé. Je referme les yeux et me laisse tomber en arrière : cette journée ne m’aura donc rien apportée, aucun Bénéfice.

“JVLIVS” de SCH. © Fifou

L’idée d’en finir naît dans mon subconscient. Je trouverais bien ici, quelqu’un pour me trouer la Cervelle ou me tirer en plein cœur peu importe, pourvu que ce soit bref. Mais ma mort paraîtrait dans les journaux, à la télé, ce serait “All eyes on me” sur le grand timide dépourvu de toute confiance que je suis… C’est une mauvaise idée.

Je crie “Mayday” comme Stanley Mockford, mais il n’y a toujours personne qui m’entend. Tout à coup, mon téléphone bipe. « “Petit cœur” vous a envoyé un message ». J’avais oublié de supprimer son numéro en même temps que ses photos… Tant pis, je réponds brièvement et sous la colère, sans même prendre le temps de lire son message : “Rien A Cirer”, puis je range mon téléphone. La rage a remplacé la tristesse. Je veux qu’elle Paye et d’un autre côté, je n’ai pas de temps à perdre à élaborer un stratagème pour me venger.

Tandis que je m’apprête à sortir de sous mon arbre, j’entends au loin dans une maison la douceur d’une musique. En m’approchant discrètement, je vois une jeune fille faire virevolter ses doigts sur les touches d’un piano. Je l’écoute pendant de longues minutes jouer sa partition avant de reprendre la route. Cet Interlude musical m’a fait l’effet d’une parenthèse, moi qui m’enferme et me noie dans ma Solitude.

La nuit tombée, je m’assoie sur un banc en bois qui peine à tenir encore debout mais pour un temps Ça ira, c’est toujours mieux que de dormir à même le Ciment. Dominé par la pleine lune, un nouveau tableau s’offre à moi, les éclats brillants d’une peinture perdurent dans cette toile. Dans chaque astre se dessinait son portrait portait par le trait d’une craie et dans la traînée des filantes, ses cheveux s’encraient. Mon esprit me joue des tours, me donne l’impression d’être sous Super Silver Haze. Il me faudra du temps pour Tirer un trait sur mes souvenirs c’est évident. Ceux qui vivent dans le passé perdent de vue l’avenir c’est pourquoi dès à présent, je me dois de vivre Every Day comme si c’était le dernier. D’habitude, je ne dors pas les soirs de pleine lune car le vide de mon cœur semble aussi gros qu’elle. Mais aujourd’hui cela semble différent. En fermant les yeux j’imagine ce à quoi pourrait ressembler mon avenir proche, un futur simple, sans Frime. Je voyagerai sûrement une fois rentré à la maison, pour flâner sous les arbres de la rivière Oos et me délasser dans les bains de Baden Baden. Avant de plonger dans un sommeil que j’espère profond, j’envoie un message avec le peu de batterie qu’il me reste à mon meilleur ami : “Ah gars, les ténèbres ne veulent plus de moi”. Il comprendra, lui qui connaît toutes mes peines.

Voilà des mois que je me voilais la face, que je jouais malgré moi l’ignorant. Toutefois, que Dieu Les Bénissent ces âmes qui comme moi, sont couvertes d’un voile invisible sur leurs yeux. Ces gens trop bons pour ce monde, trop Innocents, qui pour réfléchir ont besoin d’éprouver leurs peines. C’est néanmoins l’assurance d’une certaine ataraxie car un bonheur que l’on obtient sans peine ne dure jamais longtemps. Les autres pensent que seul l’argent fait le bonheur mais moi je crois que la valeur de ce monde est beaucoup plus régie par le temps que par l’argent. Avoir le temps d’oublier, de penser, de vivre, c’est tout simplement ça le Haut-standing.

Enfin couché sous un plafond qu’aucune nuée ne perturbe, je peux désormais me laisser envahir par une torpeur charmante que rien ne peut troubler.

"Rooftop" de SCH. © Fifou

“Rooftop” de SCH. © Fifou