Les albums classiques du rap français dans les 90’s : 1993

Avant d’être au sommet des charts et d’être considéré comme de la musique populaire, le rap était perçu comme une sous-culture controversée qui n’avait pas sa place dans le secteur artistique et culturel français. Venez découvrir avec nous...

Les albums classiques du rap français dans les 90’s : 1993

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Avant d’être au sommet des charts et d’être considéré comme de la musique populaire, le rap était perçu comme une sous-culture controversée qui n’avait pas sa place dans le secteur artistique et culturel français. Venez découvrir avec nous les albums qui ont fait du rap ce qu’il est aujourd’hui, les classiques du rap français des années 90.

IAM – Ombre est Lumière

Ombre est Lumière fait suite au 1er album du groupe marseillais : De La Planète Mars. Alors que le discographie complète du rap français se compte sur les doigts de la main, IAM voit les choses en grand. En effet, le groupe phocéen vagabonde entre Aix-en Provence, Marseille et New-York, pour concocter un album qui marquera l’histoire du rap français de par sa qualité. Premier double-album de l’histoire, il sera propulsé sur le devant de la scène grâce au tube de l’été 1994 : « Je danse le mia », où Akhenaton nous entraîne sur quelques pas de danse sur un sample de « Give me the Night » de George Benson.

L’album se lance sur « Le Feu », hymne influencée par les chants des supporters de l’équipe fraîchement championne d’Europe : L’Olympique de Marseille. Mais Ombre est Lumière ne se limite pas à deux titres parmi 38 pistes, dont de multiples interludes. Car tout ce qui a fait des marseillais le porte-drapeau du rap français se trouve à l’intérieur des deux disques.

Bien évidemment, les textes d’Akhenaton et Shurik’n sont empreints de mysticisme, d’images, de références historiques et mythologiques, parfois alambiqués, métaphoriques, complexes et riches  (« Le Dragon Sommeille », « Pharaon Revient », « Cosmos »). D’ailleurs, les deux MCs signent quelques de leurs meilleurs morceaux, à savoir le poétique « Où Sont Les Roses » d’AKH et l’histoire dramatique du « Sachet Blanc » de Shurik’n, claquant des doigts sur un échantillon de piano mélancolique et un air de saxophone plaintif. On peut aussi recenser « L’Aimant », là encore un incontournable d’IAM puisqu’il s’agit du morceau qui a inspiré le film Comme Un Aimant en 2000. IAM se sert aussi d’humour et de dérision pour expliquer leurs histoires à travers certains morceaux. (« Harley Davidson« , « Les je veux être« , « Attentat II » )

Tous les visages du groupe sont dévoilés sur ce monument classé historique. Une encyclopédie rapologique, le souvenir d’une époque, la découverte d’un nouveau genre, Ombre est Lumière a définitivement fait connaître le groupe marseillais à la France entière et au-delà des frontières.

NTM – 1993 J’appuie sur la gâchette…

1993 J’appuie sur la gâchette… est le deuxième album studio du groupe parisien Suprême NTM, at fait suite à la grande réussite qu’était Authentik. Comme leur compère marseillais, ces derniers ont attendu deux ans avant de se relancer dans le monde de la musique. Long de 17 titres, on ne recense réellement que douze véritable morceaux, le reste étant composé d’une intro non-rappée, de trois interludes, et d’une outro sous forme de teaser de l’album suivant. Cet projet est caractérisé comme un ovni dans la discographie du groupe parisien, notamment à cause de la présence moins marqué de Joey Starr, qui n’est que sur sept titres. Cependant, ceci est compensé par l’arrivée sur le devant de la scène de Yazid en tant que rappeur à proprement parlé, après avoir été backeur et danseur du groupe.

En dehors des titres forts que sont « Police » et le single « J’appuie sur la gâchette« , l’album est composé de plusieurs autres titres dénonciateurs comme « Plus rien ne va« , « Prisonnier du passé » ou encore « Qui paiera les dégâts ? » qui ont surtout comme cible l’État et plus directement les médias dans le 1er. Quelques morceaux un peu plus légers sont également présents. On remarque un ego-trip léché de Kool Shen dans Pour un nouveau massacre, ainsi qu’une ode à la gente féminine en compagnie de Big Red de Raggasonic dans De best. On retrouve aussi une suite au morceau « C’est clair » (dont la 1ère version est sur le 1er album Authentik) dans laquelle le groupe explique vraiment qui il est, ce qu’il défend et ce qu’il combat. Le dernier titre, « Nouvelle école« , annonce la suite puisqu’on le retrouve en entier sur l’album suivant, « Paris sous les bombes« .

Le projet sera par ailleurs entouré de plusieurs polémiques. Au moment de sa sortie, une campagne d’affichage publicitaire organisée à Paris et dans sa banlieue avertit que « cet album ne passera jamais à la radio ». De fait, ce nouvel opus de NTM suscite des réactions de rejet de la part des radios et des médias. En plus, le titre « Police« , dans lequel NTM, en termes virulents, accuse les forces de l’ordre d’abuser de leurs pouvoirs, génère l’ouverture d’une enquête par la police nationale française – affaire qui n’aura pas de suite. Le morceau « J’appuie sur la gâchette » fait polémique au motif qu’il ferait l’apologie du suicide alors que les artistes défendent à l’opposé la simple description de l’enfermement et l’isolement d’individus déclassés.

L’album se vendra moins bien que le précèdent, et aura besoin de quatre années avant pour atteindre le disque d’or. Cependant, il marquera son époque et sa génération de part sa hargne et son message révolutionnaire.

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