Phil Spector : 10 morceaux entre grandeur et décadence

The Teddy Bears - To Know Him Is To Love Him (1959) 1959, Los Angeles. Du haut de ses 17 ans, Phil Spector fait ses premiers pas dans la musique sans vaciller. Aux Gold Star Studios, il écrit et produit le morceau phare To Know Him Is To Love...

Phil Spector : 10 morceaux entre grandeur et décadence

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The Teddy Bears - To Know Him Is To Love Him (1959)

1959, Los Angeles. Du haut de ses 17 ans, Phil Spector fait ses premiers pas dans la musique sans vaciller. Aux Gold Star Studios, il écrit et produit le morceau phare To Know Him Is To Love Him interprété par The Teddy Bears, groupe qu’il vient de fonder avec Annette Kleinbard, Marshall Leib et Harvey Goldstein, absent lors de l’enregistrement. Avec ses arômes romantiques et ses allures de ballade, To Know Him Is To Love Him se laisse bercer par une voix féminine exaltante et des chœurs qui chavirent au rythme d’une batterie lancinante. Ces arrangements remarquables signés Spector hissent la chanson au sommet des charts anglais et américains et ouvrent la brèche du succès dans laquelle le producteur s’engouffre sur-le-champ.

The Crystals - Da Doo Ron Ron (1963)

Toujours dans les tuyaux des Gold Star Studios à L.A., Phil Spector s’empare du girl group emblématique des années 1960, The Crystals. Ou plutôt, il s’approprie leur nom en produisant deux de leurs albums sans les filles, bloquées à New York, qu’il remplace sans crier gare par les Blossoms. Les Crystals enregistrent toutefois Da Doo Ron Ron sous la baguette de Phil qui en profite pour tester son expérience ultime : le mur de son. L’effet consiste à enregistrer un premier son en studio et à le diffuser en réverbération durant le second enregistrement. Le morceau phare des Crystals qui transpire les sixties avec ses relents doo-wop, son piano et ses chœurs féminins, profite alors d’une amplification maximale lors de sa large diffusion sur les postes radios de l’époque.

The Ronettes - Be My Baby (1963)

Si la relation entre les Crystals et Spector s’envenime, c’est aussi parce que celui-ci penche pour leurs grandes rivales, The Ronettes. A peine autoritaire, le producteur va jusqu’à faire chanter ses nouvelles chouchoutes sur une compil’ des plus grands morceaux des Crystals… à la place des Crystals (!). Groupe iconique des sixties, The Ronettes enregistre - sous leur véritable nom - le légendaire Be My Baby au pied du mur de son de Spector et sous le rythme déterminant de Hal Blaine, batteur renommé de son temps pour avoir enregistré avec, entre autres, Elvis, les Beach Boys, les Byrds ou encore Simon & Garfunkel.

Darlene Love - Winter Wonderland (1963)

Surfant sur un succès avéré, Spector en profite pour multiplier les projets tout au long de 1963, année qu’il couronne par une compil’ de chants de Noël parue sur son label Philles Records, fondé deux ans plus tôt avec son ami Lester Sill. L’une des choristes des Blossoms, Darlene Love, prête sa voix le temps d’un tube en solo, Winter Wonderland, qui, ironie du sort, apparaît sur l’album aux côtés de quelques morceaux des Crystals. De leur côté, les Crystals coupent définitivement les ponts avec le producteur.

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Ike & Tina Turner - River Deep, Mountain High (1966)

Malgré son caractère tyrannique, Spector continue de ramasser les lauriers de son mur de son. En 1966, il se voit confier la production de River Deep, Mountain High, le quatrième album studio du couple mythique Ike et Tina Turner. Spector abandonne le projet en cours de route par manque de temps mais arrange tout de même le morceau. 

The Beatles - Let It Be (1970)

Let It Be, au carrefour de la crise. Sur le point de se séparer, le boys band le plus apprécié de la planète concocte un douzième album dans des conditions déplorables. Les sessions s’enchaînent dès 1969 et le quatuor insatisfait range finalement toutes ces ébauches au placard. C’est Allen Klein, leur manager de l’époque, qui contacte Phil Spector pour les sortir du pétrin. Début 1970, le producteur ré-arrange les chansons délaissées et signe le dernier album officiel des Beatles.

John Lennon - Jealous Guy (1971)

En parallèle, Spector avait déjà travaillé sur All Things Must Pass, le troisième album solo de George Harrison et sur Plastic Ono Band, le premier album solo de John Lennon qui réitère sa collaboration avec l’influent producteur et Yoko Ono, sa compagne, pour son deuxième long format, Imagine. Véritable succès commercial, l’album s’oppose diamétralement aux expérimentations du premier album de Lennon et Ono et profite, une fois encore, du savoir-faire de Spector en matière de pop seventies très catchy, mêlant essentiellement piano et cordes.

Leonard Cohen - True Love Leaves No Traces (1977)

Poursuivant ses collaborations avec des musiciens iconiques, Spector s’attaque au cinquième album studio de Leonard Cohen. Mais ce sera la seule et unique contribution du producteur à la carrière du grand songwriter canadien. L’album a beau sonné comme du Spector, et les paroles comme du Cohen, son élaboration a frôlé le désastre. Encore une fois, le lascar de la production avait main mise sur le projet, étouffant l’artiste en enrobant ses chansons de ses propres sonorités. Ajoutez à cela le comportement d’un Spector déviant entre alcool et armes à feu et vous clignerez des yeux pour apercevoir une collaboration à la façade bien polie mais aux coulisses désolantes.

The Ramones - Baby I Love You (1980)

Violons, orchestration et chœurs coulants, oui c’est bien les Ramones qui braillent désormais sur la table d’opération du producteur américain. Pour parfaire le quatrième album de ces figures du punk, Spector bâtit une nouvelle fois son mur du son et ressort du frigo Baby I Love You qu’il avait initialement écrit pour les Ronettes dans les sixties. Malgré tout, le "génie" de Phil Spector ne permettra pas d’entériner les espoirs des vedettes à perfecto puisque le titre fût assez mal perçu et l’album restera sur un échec. Par ailleurs, Spector commençait sérieusement à partir en vrille, d'où une accumulation d'anecdotes délirantes lors de l'enregistrement de cet album, comme quand le producteur a pointé une arme à feu sur Dee Dee Ramone pour que celui-ci joue Baby I Love You au piano en boucle toute la nuit.

Starsailor - Silence is Easy (2003)

2003 marque le grand retour avorté de Spector. Le producteur américain se retrouve aux manettes de deux morceaux sur le deuxième album des Anglais de Starsailor, dont Silence is Easy qui ressasse les élans originels d’un Spector des sixties pour un résultat dépassé, voire ringard. Cette même année, le producteur assassine Lana Clarkson, ancienne actrice de série B et met un terme à sa carrière.

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